13 ans ont passé depuis la sortie de “Meta Meta” en 2006. Ce disque intemporel, électronique et envoûtant, n’a pourtant jamais été pressé en vinyle ! Il semblait donc inévitable de pouvoir se délecter d’une telle œuvre sur nos tourne-disques.

Quelques mois après la sortie du dernier 5+1 avec comme invité Jay Ree, signant le grand retour de Zenzile au reggae, la sortie de Meta Meta prouve une nouvelle fois que le groupe angevin est à la croisée des genres musicaux, ici plus électro que jamais conservant tout de même des sonorités dub.

Depuis leurs débuts, au fil des albums et des concerts, les angevins de Zenzile s’obstinent à
redessiner les contours de leur musique jusqu’à donner naissance à un son unique et
immédiatement reconnaissable parmi la galaxie dub hexagonale. Vous pensez donc bien que s’ils s’attaquent aux musiques digitales, ce n’est pas pour résonner comme les copains!


Estampillé Zenzile Sound System, ce disque était surtout l’occasion rêvée pour le
groupe d’assouvir ses velléités en terres électroniques. Et il faut croire que même le nez dans les bécanes, les doigts tordus sur les potards, les yeux explosés sur l’écran, on n’en oublie pas pour autant ses premières amours : jazz, soul, folk, ambient, BO de films et musique africaine transparaissent toujours en filigrane.

En 2006, en plein âge d’or de la minimal, l’intérêt du groupe semblait se tourner vers l’Allemagne, puisant dans les cercles d’une certaine techno débarrassée de tous ces oripeaux. Comme en témoigne ici Basstone et No Wave qui pourraient aussi bien séduire les amateurs de deep house classeuse que les initiés à la minimal tek de Maurizio.
Leur approche cinématographique enchantera les adulateurs des productions Ninja Tunes : Mobylette Démocratie aurait amplement mérité sa place sur le fantastique « Man With A Movie Camera » de The Cinematic Orchestra et Minorité pourrait bien être la pièce manquante du « Permutations » de Amon Tobin. Mille Francs Milles Francs est, quant à lui, un hommage à l’Afrique qui commence comme une BO de Ry Cooder pour basculer dans une transe afro beat grâce au sexysax de Raggy!

Le reste de l’album est à l’avenant. Les styles s’entrechoquent, rebondissent les uns contre les autres, pour finir par se fondre en une matière sonore non identifiée entre electro, dub minimal, electronica jazzy et digital folk.

Du côté des invités, on retrouve un Vincent « Celloe Ségal virtuel dont certaines des prises non utilisées à l’époque du « 5+1 » ont aujourd’hui trouvé un écrin digne de ce nom (Flying Carpet). La chanteuse K-Rol Gola, déjà croisée sur « Sachem in Salem » berce doucement un Akiko très japanimé, et Loredana Lanciano vient hanter Minorité de ses vocalises fantomatiques.

Le visuel, à nouveau signé par Nicolas Fosset, annonce la couleur. Si les pingouins de « Sound Patrol » auguraient une musique extraterrestre, cette block party à l’ancienne, version video game (à l’ancienne, aussi), pourrait bien prophétiser l’arrivée d’une faune encore plus bigarrée dans les sillages de Zenzile...